Mali : La politique s’empare de la religion !

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Avant la marche du 8 juin 2018, le prêcheur Chouala Bayaya Haidara s’est permis de tenir des propos réprimant ladite marche. Cette réaction de sa part laisse entrevoir qu’il s’est laissé emporter dans des guerres d’intérêts personnels.

Au Mali, nous avons de plus en plus l’impression que les religieux s’impliquent davantage dans la politique. Ils essaient de faire valoir leurs propos en faveur ou en défaveur de tel ou tel parti politique. Cela peut se voir à travers ces propos de ChoualaBayayaHaidara avant la marche du 8 juin sur les Ondes d’une radio  de la place : « je ne défends personne, car je n’ai reçu d’argent de la part de qui que ce soit et je me dois de dire la vérité à qui veut l’entendre et à qui ne veut pas l’entendre. Si Dieu ne nous vient pas en aide, une guerre civile se déclenchera au Mali ».

Il ajoutera qu’il y a des personnes qui participent à la marche non pas pour l’amour de la vérité, ni pour l’intégrité encore moins pour le changement, le développement et la paix, mais pour des raisons personnelles. Donc pour lui, cette marche sera l’occasion parfaite à ne pas rater pour un règlement de compte .Il va plus loin en demandant aux partis d’opposition d’annuler la marche qu’ils prévoient, c’est-à-dire celle du 8 juin.

En analysant ces dits, nous nous rendons compte d’une contradiction flagrante en la personne de ce grand prêcheur qui a participé, on se rappelle, en 2017 à la marche du mouvement « An tè A Bana » afin de protester contre le référendum. Si ces propos que tient ce grand religieux malien sont vérifiés, qu’est-ce qui peut nous permettre alors de comprendre son revirement à 120 degrés du jour au lendemain en condamnant cette manifestation ? En participant à la marche du mouvement AN té A Bana en 2017, n’a-t-il pas pensé qu’il pouvait y avoir des hommes parmi eux qui agissent pour la simple satisfaction de leurs propres intérêts ? Mais, personne ne l’a entendu se prononcer ainsi sur cette marche. En plus, faudrait-il rappeler à cet homme que dans tout mouvement de grande envergure, il y aura toujours des gens qui agissent pour d’autres buts ? À ce titre, nous osons croire que ce prêcheur n’est pas logique dans ses dires.

En allant plus loin, nous trouvons les mêmes problèmes derrière les réactions de ce religieux par rapport à cette marche. C’est le cas ici avec ces propos où il demande à ses fidèles de ne pas participer à cette marche, de façon plus politique où il dit : « je ne veux pas que cette marche ait lieu pour la simple raison d’éviter la mort d’un père, d’un frère, d’un cousin … les opposants prendront la responsabilité si une  personne perdra la vie au cours de cette marche. » Alors, des pères, des frères, des cousins ne pouvaient-ils pas mourir lors de la marche de 2017 ?

Il précise au cours de cet entretien son vrai visage qui est selon moi sa position, en avançant qu’il a de l’estime pour le Président Ibrahim Boubacar Keita de par sa patience. Car selon lui : « Les élections de l’an 2002 ont été trichés en faveur du Président qui a gouverné le Mali jusqu’en 2012 », malgré tout cela, il n’a jamais baissé les bras.

Ces dernières phrases nous montrent explicitement la position de ce prêcheur. S’il dit n’avoir reçu quoi que ce soit de personne, alors, ce qui est sûr, il s’est laissé emporter dans les filets de la majorité présidentielle. Toutes les corruptions ne consistent pas à une acception d’argent, il en existe plusieurs formes.

Ces genres de pratiques salissent l’image de la religion dans le pays. Il est temps que nos religieux apprennent que le Mali est un pays laïc. Qui parle de laïcité parle de séparation de pouvoirs, de l’impartialité de la religion en matière de politique.

Djènèba TOURE, stagiaire

Source : Le Pays

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