Après le rassemblement historique, le vendredi 05 juin 2020, de la CMAS, du FSD et de l’EMK demandant la démission du président de la République, certains soutiens du régime en place envisageraient une contre-marche appelée marche de soutien aux institutions, le vendredi prochain. L’initiative, le soutien aux institutions de la République, est salutaire. Mais l’organiser en ce moment, une semaine après celle des organisations réclamant la fin de ce régime, arrangerait-il le régime en place ? Dubitable !
Les récents mouvements politiques nous rappellent de l’histoire de la révision constitutionnelle avortée de 2017, une période marquée par les marches, meetings, conférences et débats entre les pro et anti révision. Les deux mouvements opposés à l’époque étaient la plateforme An TE A BANNA, opposé farouchement à la révision constitutionnelle et la plateforme OUI AN SONNA qui soutenait la décision des gouvernants. Plusieurs rassemblements d’envergures ont été tenus par chacun des mouvements. De fausses assurances avaient été données aux autorités par ceux qui étaient favorables à la révision. Du beau monde mobilisé avec des billets de banque était montré aux autorités pour leur faire croire que le peuple était avec elles. Mais la réalité a fini par être découverte quand, après la menace de la plateforme AN TE A BANNA, IBK a su que ses soutiens, les mouvements créés pour soutenir la révision, étaient des coquilles vides. Il avait renoncé à sa décision.
Le même scénario est en cours cette année encore. En effet, depuis l’annonce, par la CMAS, le FSD et l’EMK, d’organiser un rassemblement au cours duquel la démission du président de la République sera exigée, les réactions des soutiens d’IBK, de certaines organisations de la société civile n’ont pas tardé. Les soutiens au régime, même s’ils admettent que le rassemblement pacifique pour dénoncer les maux de la société est un droit constitutionnel, se dressent contre toute volonté de « démettre » le président de la République par coup de force. Des communiqués, des conférences ont été faits pour dénoncer la volonté exagérée de la CMAS, du FSD et du EMK. Certains mouvements avaient même menacé d’organiser une contre-marche le même jour que celui du rassemblement de Dicko et alliés. Mais le 05 juin, seuls les « anti-IBK » ont manifesté. Il n’y a pas eu de contre-marche.
La contre-marche ne rend pas service à IBK
Comme on pouvait s’y attendre, après le rassemblement des contestataires, des soutiens au régime projettent une marche le vendredi 12 juin, disent-ils, de soutien aux institutions de la République. L’objectif n’est pas mal en soi, il est même salutaire. Mais le moment et le contexte posent problème. Cette marche sera, d’abord, vue, par Dicko et alliés, comme une réponse à leur sortie. Ça les pousserait même d’aller plus loin dans leur combat pour la démission du président de la République et de son régime. Et les difficultés actuelles du pays font que les opposants ont plus d’arguments pour convaincre le peuple que ces soi-disant défenseurs des institutions. Ils peuvent mobiliser des citoyens en les distribuant des billets de banque, mais ça risquerait de finir comme en 2017.
Cette contre-marche, à nos yeux, ne rend pas service au président de la République. Au contraire, elle lui crée des ennuis. Que les initiateurs de cette marche arrêtent de tromper le Président. Tout ce dont ce régime et le Mali tout entier ont besoin aujourd’hui, c’est la stabilité et cela passe par le dialogue. S’ils soutiennent les institutions comme ils le font savoir, il faut qu’ils travaillent à faciliter le dialogue entre les gouvernants et les contestataires ; qu’ils invitent le Président à écouter son peuple, à changer sa façon de gouverner le Mali. C’est la manière, à notre avis, la plus logique pour soutenir les institutions à cette période. Les marches et contre-marches risquent de nous conduire trop loin.
Boureima Guindo
Source: Le Pays