A l’Energie du Mali (EDM), des travailleurs sont mécontents. Ils réclament depuis cinq ans la somme de 729,7 millions FCFA prélevée sur leur salaire pour des parcelles à Tabacoro qu’ils n’ont jamais reçu. Le collectif a organisé un meeting d’information ce samedi 17 octobre à Bacodjicoroni.

Cette affaire a commencé depuis 2008». Selon le conférencier Moussa Fily Keita, c’est cette année-là que ses collègues et lui ont été approchés par Adama, un autre travailleur EDM, présent au meeting de ce samedi. Grâce à ses connaissances, Adama a dit être à mesure de nous trouver des parcelles. Il a fait le tour des bureaux, et 279 travailleurs ont accepté de faire partir du projet. L’opération, a expliqué Moussa Fily Keita, a été pilotée entre, d’une part, la section EDM du Syndicat national des constructions civiles, des mines et de l’énergie (SYNACOME) et la Direction générale, et d’autre part, West Africa Immobilière SARL. Ainsi, en Avril 2012, un protocole d’accord est signé entre les trois parties. D’avril 2012 à mai 2016, des retenues ont été effectuées sur les salaires des travailleurs.

Etat de paiement des travailleurs

«On a été dupé sur toute la ligne», assure Agaye Coulibaly, un membre du collectif. Il nous avait été d’abord dit, explique Coulibaly, que le premier lot est à 400 mètres du Gabral à Niamana, le second lot était à 800 mètres. «De péripétie à péripétie, on est allé jusqu’à 1 km du goudron». «On a accepté ça, mais le problème c’est que le promoteur est venu demander le paiement en plus de 50% des montants initialement demandés». «C’est-à-dire que ceux qui devaient payer 2 millions FCFA ont payé un million FCFA de plus», a dénoncé Agaye Coulibaly.

101 millions FCFA volatilisés

On a tout accepté, indique Agaye Coulibaly, mais depuis 2016, nous n’avons pas eu nos parcelles. En plus du prix de la parcelle, chaque travailleur a payé 25 000 FCFA de frais de dossier et 5 000 FCFA de frais de désignation par parcelle. Les montants ont été versés dans le compte du SYNACOME qui devait, à son tour, faire le transfert vers le compte du promoteur immobilier. Aujourd’hui, le promoteur immobilier dit n’avoir perçu que 559 millions FCFA sur les 729,7 millions FCFA collectés sur le salaire des travailleurs. «Nous avons constaté une différence nette de 101 millions FCFA entre le montant versé sur le compte du SYNACOME et le montant perçu par le promoteur», révèle Aicha Baba, membre du collectif, très à cheval sur les questions de procédure.

«Si tu paies pour avoir du riz, si le riz est fini, le boutiquier te remet ton argent», schématise Coulibaly en indiquant ce qui aurait dû être le déroulé normal des choses. «On a fait 5 ans à courir derrière la Direction de l’EDM pour qu’on nous rembourse. Sans succès», informe-t-il. Cette affaire de parcelles pourrit le climat professionnel à l’EDM. «Un ancien directeur m’a dit: «marchez jusqu’à Kidal si vous voulez, rien ne se passera», révèle un des conférenciers ce samedi. Des travailleurs qui osent lever la voix sont soumis à de terribles pressions de la part de leur hiérarchie (nous y reviendrons dans un prochain texte).

La direction se défend

Dans le souci d’équilibré le texte, la rédaction de MaliActu.net a contacté la Direction générale de l’EDM et le premier responsable du SYNACOME. Le secrétaire général du syndicat Baba Dao,  a préféré une rencontre, ce lundi 19 octobre, pour s’expliquer. Quant à la direction de l’EDM, elle s’est exprimée par la voix de son directeur des Ressources Humaines Aboubacar Sidiki Kanté. Aux dires de M. Kanté, la direction de l’EDM a eu un seul rôle dans cette affaire: garantir le salarie au niveau de la banque. Depuis 2012, il y a eu six changements de directeurs à la tête de l’EDM, «ce qui a fait qu’il n’y a pas eu une mémoire permanente pour s’occuper de ce dossier», a indiqué Aboubacar Sidiki Kanté.

Au bord de la crise de nerfs, les travailleurs y compris les actifs, les retraités ou les représentants des défunts, ont décidé de mener ce combat jusqu’au bout. Ils ont cotisé pour prendre un avocat. La première décision de justice n’est pas à leur avantage. Car, le tribunal de la commune III s’est déclaré «incompétent» pour statuer sur l’affaire au regard d’une clause qui oblige les parties à aller à l’arbitrage en cas de litige. Cette décision du tribunal de la Commune III a été confirmée par la Cour d’appel de Bamako en vertu de l’article 24 du protocole d’accord entre les parties.

«Nous ne sommes pas signataires du protocole. Nous avions juste demandé au tribunal de demander aux parties signataires de nous restituer nos salaires. C’est tout !», explique Agaye Coulibaly qui jure que le combat ne fait que commencer.

Mamadou M.

MALIACTU

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