Au premier cas notable qui a dévoilé les intentions de la justice malienne de mener une lutte implacable contre les fossoyeurs des biens publics, de freiner et anéantir l’élan de ceux qui sont opposés à l’expression de l’intérêt général (l’affaire Bakary Togola), le juge Mamoudou Kassogué est allé revisiter les gestions qui remontent à 2013. Dans cette autre affaire liée aux préparatifs du cinquantenaire du Mali, à la veille du 22 Septembre 2010, le juge est allé fouiner dans la gestion du projet d’embellissement de la ville de Bamako, qui remonte à près d’une décennie, et sous la mandature du Président Amadou Toumani Touré.
Au cours de la dernière décennie, le Mali a connu une décente aux enfers et jusque là, personne ne peut dire de quoi demain sera fait, tant les indicateurs de la crise multidimensionnelle sont au rouge. Le Mali connait un problème de gouvernance, une mal gouvernance dont les maux se situent à tous les niveaux de la vie socio-économique du pays: gestion des ressources, de la production et de la transformation, gestion des biens mobiliers et immobiliers, gestion des services ; de la Justice, de l’Education, de la Fonction publique, de la Défense et de la Sécurité. Ce n’est pas tout, car le Mali est resté un exemple d’opacité dans la gestion du personnel de l’Etat où les effectifs des fonctionnaires (de l’Etat et des collectivités), des forces de défense et de sécurité (FDS) et des étudiants, restent le sexe des anges et donnent lieu à des détournements à la pelle. L’allégation de secret défense, en ce qui concerne les marchés d’armements et l’effectif des forces armées et de sécurité peut cacher et cache un vaste réseau de détournement de plusieurs milliards de FCFA par mois, pactoles liés entre autres aux salaires et autres primes (PJA).
Qui ne sait pas, que dans ce régime de mal gouvernance, l’efficacité de l’aide n’est que vain mot ? Que les partenaires techniques et financiers ont suffisamment injecté dans notre pays, des fonds dont ils ignorent tout de la destination réelle, tel qu’à la fin les projets ou les appuis budgétaires ne laissent aucun impact, mais par ailleurs des grands immeubles, des stations d’essence et des super marchés poussent de terre, et des V8, des Porches et autres voitures de luxes inondent les voies des nuits à Bamako.
Au Mali, la gestion des ressources humaines, est au cœur de la mal gouvernance. Cette gestion est caractérisée par le copinage, le népotisme, le trafic d’influence, le clanisme et le clientélisme, qui empêchent le choix des hommes suivant leurs compétences. Conséquences : récompense de la médiocrité, qui équivaut à une sanction contre le mérite basé sur des valeurs intrinsèques, un mépris d’Etat en définitive, et le mauvais choix des hommes qui permet à des guignols de se hisser à des postes décisifs.
Les vigoureuses actions d’investigation entreprises par la justice malienne, sous la houlette du ministre Malick Coulibaly, qui se fonde sur la volonté politique du Président Ibrahim Boubacar Kéita, ne nous permet pas de tirer une conclusion hâtive pour dire que Bakary Togola ou Adama Sangaré et consorts sont coupables, le juge du pole économique ayant dit lui-même qu’il y a lieu de comprendre et que les instructions vont se poursuivre pour des besoins de preuves (de culpabilité) et que des pièces justificatives (à décharges) sont recevables.
Mais toutefois, les Maliens ne restent pas indifférents, face à ces actions inédites d’arrestation de caciques du pouvoir dont les légendes sont plus que décennales. A ce jour tout le monde observe et attend surtout de voir la suite : le ministre Malick ira-t-il jusqu’au bout ? Va-t-il reculer ou démissionner. Cependant au delà de cette attitude de spectateurs, les Maliens peuvent être plus actifs, plus regardants sur une justice dont l’injustice a été longtemps décriée par les justiciables. Se mettre du côté de la justice par ces moments décisifs, la soutenir de près et réagir positivement en temps opportun (à la première occasion de dérapage), n’est-il pas devenu un acte patriotique pour chaque Malien? C’est à ce prix, de la prise en main de la justice par son peuple, exiger que la justice soit rendue au nom du peuple malien et non du pouvoir d’Etat ou du pouvoir financier, doit être la donne incontournable et exigible. La tendance nouvelle qui accrédite le Président IBK pour avoir annoncé dès l’entame de son premier mandat, une lutte implacable contre la corruption et la mal gouvernance, allant jusqu’à décréter l’an 2014, année de lutte contre la corruption, est sans doute une valeur ajoutée de l’accord politique à l’initiative de l’opposition et signé entre le Premier ministre, Boubou Cissé et la classe politique, avant la constitution de ce gouvernement. Certains expriment légitimement et sans indice, des craintes d’une justice sélective, mais l’ancien juge démissionnaire, le ministre Malick Coulibaly doit être réaliste jusqu’au bout des ongles et se rappeler de l’unité et la lutte des contraires : il agit dans le carcan d’une volonté politique et n’a aucune issue de retour sinon que d’avancer, qui trop embrasse mal étreint. A cet effet, Malick a et aura sans doute besoin d’un nécessaire soutien indéfectible des justiciables. Et ceux qui tiennent le discours de la justice sélective savent bien que la bataille contre la corruption et pour la bonne gouvernance doit commencer quelque part et nul ne peut tout faire à la fois. Il faut seulement que l’on sache que la réhabilitation de la justice malienne dépend des actions au cœur de la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. Et l’audience du Mali auprès de tous nos soutiens en dépend, on se rappelle le coup de menton de l’Ambassadeur allemand en fin de mandat. Notre pays doit s’inscrire dans l’efficacité de la gestion dans tous les domaines. La sortie de la crise en dépend
Source: Lerepublicainmali